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Une vie à aimer la radio par Bernard F5TO

 

 

Un jour, dans la cuisine, j’ai osé toucher aux boutons de réglage du poste de mes parents, j’avais ~12ans.

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Le poste c’était un « Sonneclaire »avec OC et BE, et après différentes manipulations dans tous les sens, j’ai entendu un monsieur qui parlait bizarrement. Il causait de manière différente de ce qu’on écoutait normalement. J’ai recommencé à pianoter sur les boutons du poste à l’insu de mon père presque tous les jours. Pour ma mère c’était nouveau jeu : « surtout remets tout en place avant que ton père arrive ».

Têtu le gamin, j’ai continué et j’ai fini par retrouver l’inconnu de l’autre fois mais cette fois je commençais à comprendre quelques paroles, il racontait qu’il était dans un immeuble au sud de Paris et qu’il avait une verticale sur la terrasse à 50m de haut. De plus en plus mystérieux j’ai alors fait un repère sur le cadran pour une prochaine fois. La même année, en fin de CM2, le maître nous montra comment allumer une lampe puis une sonnette…super…..Le soir grosse démonstration à la maison et je prends de la valeur auprès du père. Toujours à peu près à la même année ~1955, je vois le film – « Si tous les gars du monde » – Je m’aperçois que cela ressemble à mon inconnu. Les jours passent et le poste devient de en plus mon jouet sans jamais quitter la cuisine. Mon esprit commence à se former et a être attiré par la radio.

J’ai 14 ans, l’inconnu restait toujours mystérieux mais j’arrivais à l’écouter presque régulièrement tous les soirs (cet inconnu que j’ai découvert beaucoup plus tard, ‘était une station F2 ??). Je le recevais sur un cadre GO/PO que j’avais mis sur le bord de la fenêtre. Mon père me regardait sans jamais rien dire.
 J’arrive à la fin du cycle 6ème/5ème/4ème/3ème BEPC. Les études à Chelles se terminaient et il fallait aller ailleurs. Mon père commençait à se poser des questions sur mon avenir. Après quelques doutes de sa part, je lui répondis de manière sure :

« je veux être opérateur radio dans les avions »

Moment de silence dans le cercle familial, je venais de dire ce que je voulais.

Le lendemain, conciliabule entre l’insti/le père et moi-même. L’insti, après bien écouté, est assez inquiet  sur mon cas car il connaissait une école à forte réputation à Paris qui pratiquait ce genre d’activité. On y rentre, par concours, c’est très sélectif il n’y a jamais de redoublement, on passe ou on part. C’était une école d’état, contrairement à une autre très connue par beaucoup d’anciens (rue de la Lune hii). C’était l’école de la rue de la douane (école de radioélectricité). Le concours d’entrée était consacré aux maths uniquement seules pendant 1 journée, certaines épreuves étaient chronométrées.


D’un niveau acceptable à Chelles, je passais à aucune chance !.Deux mois de cours particuliers à raison 2j par semaine, ça vaut 4heures de cw/jour….. hiiii. Bref Jour J, nous sommes 1500, on en prendra 200. Un mois plus tard, je suis reçu 200ème sur 200, derrière moi on fermait la porte.


Pendant ce temps là, le poste Sonneclaire subissait mes élucubrations mais restait toujours opérationnel pour mes parents. J’avais commencé à récupérer une démultiplication que j’avais mis en bout d’axe pour essayer d’augmenter la largeur d’excursion. Je prends de l’ampleur avec toutes mes bidouilles de fils, j’attire des curieux notamment un jeune qui deviendra mon pot, Jean-Paul.
Tous mes courts d’électricité et de radio que je me farcissais à l’école, c’étaient des cours particulier pour JP

Durant 5 ans, nous allions réinventer la radio à notre façon,

Tentative de mise sous tension à distance, explosion, fumée et quelques fois cela marchait, mais à chaque fois on progressait pour les prochaines expériences. Notre documentation était pompée dans 200montages OC de Raffin et un autre bouquin de couleur jaune..l’Emission d’amateur de Guilbert ???. C’était nos 2 bouquins de référence. Tous les ferrailleurs du coin ont été pillés par nous. Le garage de mes parents servait entrepôt de vieux postes de radio et quelques postes de télé et cela commençait à sentir vinaigre pour moi, le père avait du mal à ranger son vélo.

Une fois JP avait fait un émetteur sur 200m. Il émettait depuis son solex avec une antenne de 5m.. Sa portée était limitée à la rue qui était sans issue donc pas de passage. Cette bidouille était secrète car le père de JP était le commissaire de Chelles. Autre réalisation qui nous a valu l’admiration des pots, un ampli BF avec un effet de résonance. Pour cela on avait fixé une série de ressort sur la membrane du HP.

La découverte des bandes amateurs

Un jour JP me montra son nouvel achat, un convertisseur F8YG sortie sur 1600kc pour l’écoute des bandes. Incroyable, c’était l’Amérique. Grâce à son engin, nous nous enfoncions dans un monde toujours mystérieux à une vitesse vertigineuse qui s’éclaircissait de plus en plus. On commençait à causer en code Q. Je m’inscris au REF  REF13055 et lui 13065. A l’école, à chaque pause entre deux cours, je courrais me choutter à la vitrine de Cirque Radio. Je voyais encore toutes les qsl’s accrochées au plafond. Un peu plus loin il y avait Radio Tubes (bv des filles du calvaire). Bien sur le samedi, je faisais mon rapport à JP car lui était dans une école de mécanique dans le 77.

Mon père, voyant son Sonneclaire partir de plus en plus dans mes idées rocambolesques décide de me le donner. Dans la minute le poste subissait sa première autopsie dans ma chambre. Mais je ne pouvais toujours pas écouter correctement le trafic amateur….

Grâce à JP et via le portefeuille de ma mère, j’achète un convertisseur HA64 de Mic Radio, sortie 1600kc. A ce moment là, JP et moi restions chacun chez soi. Nous étions indépendants. De temps en temps on se rencontrait pour connaître nos dernières évolutions. 



Les années passent, grâce à l’école, je possèdais des connaissances qui me permettaient de rentrer dans des discussions techniques avec les adultes lors de rencontre. La lecture du REF a toujours resté un moment important car elle m’informait des derniers événements et dernières réalisations d’om’s. Je cours, je papillonne, je suis partout ou presque. Une fois de plus avec l’aide de ma mère j’achète mon premier vibro chez RAM

Je commence à faire du business grâce à mes connaissances. Ex :

-   J’achète un BC312, je lui mets une alimentation 220v, voilà un nouveau BC342, je vends avec une plus value
-   J’achète un BC342, je lui mets un S-Mètre, même mouvement ….hiiiiii

A l’école je suis connu par mes activités, je suis pris en sympathie par certains prof’s (chouchou). Pour les prof’s de maths et de physique, j’étais une référence, mais pour d’autres, j’étais le véritable « bon à rien ». Je me souviens en chimie d’avoir des notes mensuelles de 0,5à 1/20. C’est idiot de prof disait à tout le monde qu’il payait mon encre ou mon déplacement (j’étais la risée).Mais la vengeance est un plat qui se mange froid. Ces mêmes bons à rien, je leur faisais de grosses misères en labo. Une fois, ça sentait le vinaigre pour moi, car je leur faisais exploser sur leur alim des gros condensateurs de filtrage de plusieurs centaines de microfarads et  ils se sont retrouvés douchés d’électrolyte….ceux qui ont connu ces pétards se rappelleront que c’est extrêmement difficile de retirer l’électrolyte. De toute façon la plus part de ces rigolos disparaissaient en fin d’année.

Mais bientôt pour la dernière année, je pouvais accéder au radio club de l’école réservé aux futurs radionavigants (il y avait un rx Halligrafter SX28)


Mon père m’a mis en relation avec un de ses anciens copains qui était radioamateur
F9KS  Marc

Les présentations se font. Je le regarde avec des yeux d’extra terrestre. Lui, m’adresse quelques mots avec un petit sourire du clin d’oeil vers mon père ( ça sentait la connivence).
On a tout de suite rentré dans le sujet avec notre vocabulaire secret pour un profane.
Moi ,j’étais SWL REF 13055, lui c’était un F9


Aucune différence de sa part. Nous étions dans le même bateau. Il assumait bien son rôle de parrainage.
Tous les samedis à partir de 14h, j étais devant sa maison.
Que de questions.. et pourquoi ?..et comment ?..mais vous croyez ? (le vouvoiement était obligatoire de ma part, quand à lui il me tutoyait)

- Son émetteur (~1,50m de haut, il avait de bas en haut :l’alimentation, le modulateur, le VFO, le P.A (813)
- Son récepteur : AR88D
- Ses antennes uniquement 3 folded dipoles  20/15/10m
- Magnétophone à câble (pas de bande)

C’est avec lui que j’ai pû entendre et suivre le fameux Spounik (bip..bip.bip) sur 20,xx mhz avec l’AR88D, fantastique appareil.
Mais comment peut-on connaitre la température et autres informations à des centaines de kms sans qu’il n’y a personne à bord ?? Même Marc de F9KS était en train de rêver devant le HP. Mes parents, mes pots et bien sur JP ont su que j’avais écouter le fameux spounik que le monde parlait. Beaucoup  plus tard j’allais comprendre pourquoi : la télémétrie et la robotisation allaient devenir mon job pendant quelques années.

Il arrivait très souvent qu’on faisait des essais de comparaison à distance. Tout marchait à la montre et surtout très sportif de ma part
Marc me disait ce qu’il allait faire, les différentes procédures et méthodologies employées .
Moi je prenais des notes. Le démarrage était très mathématique, il était le suivant  = au temps que je devais mettre pour aller chez moi( à l’autre bout de Chelles) + le temps de mon installation + le temps de retour pour modifier les essais. C’était comme ça presque tous les après midi …ça faisait parti de mon entraînement pour les courses du dimanche.

Mon penchant pour les P.A à lampe

Aujourd’hui, tous les transceivers ont un P.A à transistors à large bande. Il faut faire avec son époque. Même avec tous les protections électroniques les plus élaborées et inimaginables je doute que l’on puisse faire ce que j’ai fait. Lorsque l’on a peu de moyen. Au début je n’avais pas beaucoup d’appareil de mesure et pour vérifier la charge de la 807, je mettais le P.A contre le mur qui me servait de glace réfléchissante permettant ainsi de faire connaître la couleur rouge des plaques….(rendement maximum du tube hiiiii).

Au début, tous mes montages étaient en auto-oscillateur, rigoureusement interdit en FRANCE à l’examen, pour moi c’était plus facile et rapide, de toute façon je n’avais pas de droit d’émettre, c’était histoire de bricoler et de connaître. Je rappelle que le jour de l’examen l’examinateur vérifiait qu’il y avait bien un étage intermédiaire entre l’oscillateur et le P.A

La manière de changer très sensiblement la fréquence d’un quartz
Je suis aperçu par hasard qu’en mettant du mercurochrome, la fréquence augmentait et avec une lime à ongles je la faisais diminuer. Expérience faite uniquement sur les quartz kaki qui ressemble à un sucre( excusez moi je ne me rappelle pas de la référence)


Coup de tonnerre

Cette fois je suis arrivé, je suis en 4ème année, Nous ne sommes plus ~10, rappelez-vous( au début 200)…beaucoup d’appelés mais peu d’élus et c’est toujours vrai pour les entrées aux grandes écoles et je rigole doucement quand j’entends les résultats du bac  sont de 90% de réussite, qui sont ces jeunes qui font 10% ?? hiiiiiiii.)

Le prof convoque ceux qui se dirigeait vers l’aviation civile.

« A partir de l’année prochaine, la section radio navigant pour l’aviation civile sera supprimée. On ne pourra plus vous placer compte tenu que cette profession ne sera plus présente à bord des aéronefs…..dorénavant  il faudra choisir entre la marine,  la côtière ou l’électronique dans l’industrie ?? »

Pour tout le monde cela été un coup de tonnerre et à aucun moment, on aurait pû penser à cela. Les discussions partaient dans tous les sens, c’était «Apogalypse now  » avant l’heure. Le soir, à la maison, grand conciliabule mélangé d’inquiétudes et de doutes. Mon père n’a absolument rien dit sur une décision éventuelle et c’est moi seul qui a  dû décidé

Je fais ma 4ème année et je quitte pour l’industrie,
je ne serai jamais radio navigant


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La fin d’un rêve

En fait, beaucoup plus tard, j’ai retrouvé un copain qui avait basculé pour la marine. Cela n’a duré que très peu temps car de plus en plus toutes les taches devenaient automatisées. Le radio comme on le voyait jadis devenait homme orchestre. Les moyens de communication « dite » moderne ,commençaient apparaître sur des grosses infrastructures. Ex : ce copain (F6A..) a été le premier radio sur un 500 000 tonnes pétrolier de la SHELL, ils étaient une quinzaine de personnes  pour le bon fonctionnement. Après enquête, tous les anciens, sans exception ont intégré différentes branches dans l’industrie en électronique ou ses dérivées.


Quand je pense qu’un copain avait continué pour la marine. Il était parti en grande pêche (3 mois) Spitzsberg, le cercle polaire etc... Il était en binôme avec un radio confirmé hiiii.. Puis il avait changé pour faire la marchande France/NEW YORK durant 1 an et après arrêt total pour retourner à l’école de NANTES pour 2 ans (droit maritime). Je l’ai complètement perdu de vue. As –t –il eu raison ou tord de continuer ??, nouvelle expérience pour lui ou histoires à raconter plus tard ??

A l’époque mon choix avait été dur  mais judicieux, un coup de chance, car à 19 ans la connaissance  et l’expérience sont = √ de rien . J’avais donc gagné quelques années sur les autres.
Et la radio amateur avec tous ces événements, les écoutes et les bricoles étaient quasiment  arrêtées. De plus le l’armée allait m’appeler.

Quelques mois avant de partir, un ami de la famille très proche et lié avec la politique vient à la maison pour connaître mes futurs souhaits militaires. Il m’avait proposé d’intégrer le fameux « BJ, le Bataillon de Joinville » par la petite porte, d’après lui j’avais le niveau.
Une fois de plus, grand silence de mon père il me laisse la décision , je refuse et je préfère être dans les transmissions de la marine. C’était en 1962, début 1963 et on partait encore pour l’Algérie.
Quelques mois plus tard, je recevais ma feuille : EPINAL le 18 RIT (merci pour le coup de main, vive la famille !!).

L’Armée  (kaki)


Voilà 1 mois que j’apprends à m’emm….absolument rien t’intéressant. 1ère sélection devant des gens hyper nuls. Sans connaitre le passé du jeune pioupiou, vous irez…AFN pour moi , de la viande à couscous. Il y avait Trans AFN, Trans sahara,Trans FFA, EAT. Quand ma mère a appris la nouvelle, je ne vous en parle pas. Mon père rien, le silence !:
Première démonstration ce qu’est le morse.Ce fût mon dernier cours hiii, l’instructeur un Ajt (indo/algérie) me conduisit voir un Lt. : Ce jeune officier était tout comptant de me voir arriver., il avait la responsabilité du club.
Tous les soirs je devais aller à ce radio-club du régiment, c’était une obligation, il me semble que c’était F3SV. Nous étions un petit groupe  de quelques illuminés fabricants un tx 2*807, ant LW,RX de chez Mic Radio. Tout avait été fait home made,(c’était la bricole de chez (fouille merde), pire que moi.
Puis un soir  tout était prêt pour la mise à feu. Quel feu !, jamais je n’ai vu un feu d’artifice pareil, son, lumière, odeur, fumée Tout le bâtiment avait été coupé d’électricité pendant une partie de la nuit.
Tout a été revu et corrigé. Mais les ennuis continuaient. On pouvait émettre mais au rythme de la manipulation, nous éclairions tous les dortoirs du 18 ème quartier Bonnard.  Ainsi tout le monde pouvait apprendre le morse en dormant et connaître l’optique. Malgré une protection quasi parternelle pour ce jeune Lt, le Colonel a dû calmer nos ardeurs. Bricoler oui, émettre non. 2 mois à F3SV qui se terminaient en une mort lente
Les ventilations d’affectations étaient distribuées, on connaissait nos affections de stage. Pour moi ce sera le 8ème (Mont Valo).mais avant un petit tour au 88ème de Montélimar, « le chiffre » Les futurs opérateurs partaient pour Montmédy. J’ai fait des tas de démarche pour permuter mon affection avec d’autres, je voulais Montmédy, rien à faire, ce sera Paris.
Le 88ème ..RAS.

Quand je suis arrivé au Mont Valo, 1964, j’ai compris que je n’étais la que pour un stage de perfectionnement comme l’ensemble des opérateurs qui étaient présents mais pour comprendre certains principes de fonctionnement, écoute/gonio etc…, d’ou un passage rapide (~ 5 mois). Grande satisfaction chez moi, car les copains continuaient à partir pour l’AFN.

Un jour , on m’appelle me disant que j’allais quitter le 8 ème et je devais partir rapidement pour Longwy, quelqu’un viendra me chercher à la gare. Le mystère total, impossible de savoir ma prochaine affection et j’avais même été frappé à la porte de « demi-dieu » Lt Col xxx (niet.. par ignorance volontaire ou forcée ?).Jour J à Longwy, il faisait nuit, un civil est venu m’accueillir pour m’emmener .Une conversation d’aucun intérêt et après 1 heure de route , dans la nuit,on arrive en plein bois devant un poste militaire avec un drapeau américain. Le lendemain je passe devant des personnes en civil qui enfin me diront ce que j’allais devenir.
On change de garde robe

Je connais mon future job et l’endroit où je devais travailler, pas tout de suite, car quelques formalités administratives à faire qui allaient durer 2 mois. Entre temps je change d’uniforme mais pour m’habiller c’est dur, au pays des « cow-boys » les petits bonhommes çà n’existent pas.

Ouf, après 2 mois d’ attente, je peux commencer et je reçois mes papiers et autres signes de reconnaissance… je suis plus blanc que blanc de chez « clair et net ».
J’allais faire parti de la « CENTAG » (armée centre Europe – NATO). 

 

Headquarters HEIDELBERG



Moi j’allais être rattaché à un net comme on dit maintenant. Il y en avait un certain nombre en Europe.(Italie-Autriche-Hollande-Belgique-etc….)
Mais un il y avait un  problème : la pratique de la langue. de l’oncle Sam était très carrée., il y avait 3 niveaux de langue 3/5, 4/5, 5/5. qui indiquaient le niveau que vous étiez capable de fournir dans votre travail uniquement. Chaque changement de niveau  était  validé par un examen et accompagné d’un changement de salaire. De nul à 5/5, j’ai mis 4 mois.


Alors j’allais découvrir mes plus beaux souvenirs concernant la radio. A chaque fois que j’allais dans un service, j’avais les yeux comme un enfant devant le père Noel un 25 Décembre. Matériel Collins quasiment partout, Hammarlund, BC 779 super pro, SP600 pour les stations mobiles. Le trafic radio se faisait qu’au vibro alors qu’en France !!!!!. Je passais plus de temps chez les radios qu’au chiffre De part mon activité , j’allais faire quelques ballades pour des courtes durée de 2 à 3 jours en France et à l’étranger ce qui m’avait donné la possibilité de trafiquer en F7 et DL ??.

Mais dès que j’avais un moment de libre, je fonçais au bâtiment des radios pour m’amuser avec un 51J4 ou un R390.Quelle stabilité dans le temps, pour le trafic en RTTY c’était remarquable. Un poste de travail pour écouter était composé :
D’une baie d’environ 2 m de haut dans laquelle il y avait :


- en bas, une alimentation
- puis le récepteur
- puis le moyen de contrôle sur écran avec la croix pour se mettre sur le correspondant
- et enfin les antennes avec la boite d’accord.
Placé à coté sur une table, le télétype
4 baies étaient opérationnelles…pas mal !!

J ‘étais très loin de mon HA64+BCL. Je nageais dans le bonheur. Je partais très peu en permission volontairement. Je n’ai jamais trafiqué en « noir » avec un indicatif d’un autre, et pourtant cela se faisait à mon époque Quand je rentrais, mon père s’intéressait à mon activité pour comparer avec les moyens de son époque. Ces questions étaient pertinentes et bien ciblées. Je commençais à avoir des doutes sur mon affection (coup de pouce ?), je ne l’ai jamais sû, mais beaucoup plus tard d’autres remarques ont fait que de confirmer mes suppositions du passé paternel
. Coté antenne, rien d’extraordinaire, log périodique fixe sur des endroits précis à ce sujet je me souviens d’avoir vu une « log » dont le boom était un pylône et le tout faisait environ une tonne !!!.( je rappelle que c’était en 1964) Pour les fréquences basses, des carreaux filaires, des verticales du type marconi.

C’est la fin

A quelques jours près de la fin de mon passage (2ans). Je suis appelé à St Germain en Laye pour me demander si je voulais continuer sachant que je devrais partir pour la Belgique ou la Hollande.
Malgré une pression paternelle favorable pour rentrer dans l’armée, j’ai dit NON.
L’activité que j’avais fait m’a procuré beaucoup de plaisir mais je n’étais pas sure que cela aurait continuer ?

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L’examen  de « monsieur Sigrand »

De retour à la vie civile, mon premier job professionnel va me prendre tous les plaisirs que je pouvais avoir, sport, radio, copains. Travailler à l’autre bout de la France sans jamais rentrer au QRA c’est dur , la radio me manque…

.Ma mère m’informe que JP vient d’avoir un accident très grave en avion, le pilote est mort et JP va très mal. Mon père me demande de quitter ce job et de rentrer au QRA.
De retour à la maison il me donne un ultimatum, ,j’ai 1 an pour passer mon examen de radioamateur sinon tout le matériel partira à la poubelle, terminé les trous dans le shack.
Je suis pris au dépourvu sur cet ordre inconditionnel, mon père accepte de m’acheter un tx geloso pour faciliter le délai de l’examen, de mon côté je récupère un vieux BC342, voilà je suis prêt.
Le jour J est là c’était au mois de février 1967, je suis allé accueillir l’examinateur de l’administration M. Sigrand (F2XS) à la gare. Aucune parole, quand il découvrit l’installation ça commençait mal : « vous manipulez au vibro ? . Vous n’avez pas une pioche pour moi ? ».Bref quelques questions techniques de principe et pour terminer ; «  votre filtre secteur ne me plait pas » il prend un crayon et me demande de reproduire son schéma en montage.

« Je ne reviendrais pas, quand vous aurez fini, vous m’appelez et vous aurez votre indicatif ».
Aussitôt dit, aussitôt fait, dans le mois je suis devenu :


Tout le monde était content à la maison et je pouvais continuer à perforer la maison .Immédiatement, j’ai annoncé la nouvelle à F9KS Marc…champagne !!!,quand à mon pot JP ce sera beaucoup plus tard.
Je continuais à bricoler doucement avec des explosions qui devenaient de plus en plus rare, signe que je m’améliorais. Mon trafic était plus tôt nocturne et il n’était pas rare que mon père, dans la nuit, venait couper le récepteur et me retirait les écouteurs. J’étais assez attiré par les stations dx notamment celles des USA cote Ouest. Ma mère m’achète ma première beam une TA33jr de chez Mosley en plus elle avait la tache de « soigner » les relations extérieurs avec les voisins.

Mon père s’est chargé de mettre en place la beam sur le toit et je deviens la grande curiosité des gens qui passaient dans la rue. De plus il s’occupait de l’envoi des qsl’s directes pour récupérer les timbres. Les plus belles de l’époque…5T5AD (Mauritanie) et l’Afrique centrale. Le facteur savait mon activité et je commençais à être connu à la poste. A la maison chacun avait son petit boulot, moi je n’avais qu’à appuyer sur le manip.

Une fois pour tester le 21 mhz, j’ai installé dans ma chambre une verticale de 3,50m sur un mast base de l’armée avec un parpaing comme contre poids, le tout sur le paquet en chêne….40 ans après je considère que je devais être un peu fou, mais mes parents disaient rien et mon père était content sur mes nouveaux dx ( c’était un moyen de reprendre sa géographie)
A cette cadence, j’avais fait mes 100 pays (DXCC) en un mois.Le BC 342 avait été remplacé par un hammarlund super pro. Je trafiquais avec 50w avec une levy de 2*10m pour le 40/80 et la beam TA33jr pour les bandes hautes

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Et puis en voulant faire une visite de courtoisie chez  F9KS, yl me reçoit et m’annonce que Marc était décédé depuis quelques mois….personne l’a su. Depuis je n’ai jamais revu son épouse et je pense encore à tout ce matériel notamment l’AR88D, qu’est-il devenu ?
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Drôle de rencontre

Le soir, j’avais l’habitude de retrouver un Om étranger sur 14Mhz, F0AAA en cw.
Il trafiquait essentiellement la nuit pour cause de décalage horaire (USA). Un jour il me proposa de faire un visu chez lui à Paris avec YL et le QRPP. Nous avons été reçu comme des princes . La station était dans une chambre de bonne avec accès indépendant par ascenseur. Qu’est ce que je vois ou je revois…Collins toute la Collins/line… encore…hiii. Il manipulait avec un électronique et une clé vibro keyer que j’ai toujours. Ses antennes étaient des doublets par bande 14/21/28 avec chacun un balun w2au/.

  
 
 
Nous avons continué à faire connaissance et dans le fil de la conversation nous nous sommes aperçus que nous avions eu à un moment donné le même parcours…le NATO. .Moi simple petit exécutant , lui le grand patron n°1de la CENTAG en Europe pour les transmissions (voir qsl ex :F7SHP shape).
A partir de ce moment, les frontières ont été libérées et nous avons continué à rester en relations. Ces retraités passaient leurs temps entre les USA et la France selon leurs plaisirs.
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Et depuis je continue mon train train de cw, je suis resté avec ma nostalgie en tête.
Le cluster…c’est quoi ce truc ? je continue à tourner mon vernier dans tous les sens pour essayer de trouver l’oiseau rare.
70% de mon temps , c’est pour écouter
20% pour trafiquer
10% pour bidouiller
Total= actuellement 4/5 heures/j
J’ai 63 ans et je m’amuse encore. A bientôt sur l’air

F5TO BN

 

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