Préambule de F6DDR : Notre ami Jean Pierre F5TFP télégraphiste de haut niveau et très actif sur nos bandes dans les réseaux Français de discutions CW comme le 3537 , 7012 et 10117 , nous fait part de ses inquiétudes pour le devenir de notre Hobby sans une relève de formateurs efficaces. Pour conclure puis renforcer la démarche de Jean-Pierre F5TFP et avant de lui laisser la parole , les tragiques événements terroristes survenus aux États Unis le 11 septembre 2001 ont laissé apparaître après enquête officielle que les services spécialisés dans le renseignement et l'espionnage CIA, FBI ect.. ont optés depuis plusieurs années sur la totale mise en oeuvres des techniques informatiques ultra modernes et renseignement satellites au détriment des bonnes vielles méthodes du bouche à oreilles et transmissions traditionnelles réalisées par les espions humains infiltrés dans des lieux ciblés. les rampes anti missile, le contrôle militaire de l'espace aérien, tous les systèmes hyper sophistiqués de détection ainsi que le renseignement satellite et informatique de dernière heure pouvant détecter une petite cuillère enfouie à 5 mètres dans le désert n'ont pas vu arriver le Danger et l'effroyable massacre qui allait survenir par une poignée de terroristes déterminés armés de simple cutter. Les plus hautes autorités du pays ayant en charges la défense du territoire, la sécurité maritime ont choisi d'abandonner totalement la télégraphie pour passer à l'air moderne de la transmission ultra rapide et condensées, les Radioamateurs envisage de faire de même en avançant le motif que la télégraphie fait office de dinosaure au milieu des transmissions actuelles, ce qui revient à dire que plus aucun personnel des armées et de la sécurité du territoire n'est formé à la CW, il en sera de même chez les futurs radioamateurs. Laissons passer encore quelques décennies et les dangereux individus plus futés que nos têtes pensantes pourront échanger sans risque leurs messages au nez et à la barbe des dites autorités qui comme le 11 septembre 2001 regretterons leur stupide décision de ne pas avoir conservé un minimum de moyens anciens qui ont fait grandement leurs preuves d'efficacité. La CW transmise à 60 WPM (*) au manipulateur sur une fréquence brouillée par du QRM ou QRN devient totalement indécodable avec un moyen informatique si performant soit t'il. SEULE l'oreille humaine est capable de la déchiffrer, comme il en est de même avec un transmission CW via un vibro traditionnel à 40 wpm
Le texte ci-dessous réalisé par Jean-Pierre F5TFP a été mis en page dans son intégralité sans en bouger la moindre virgule
MANIFESTE
POUR LA CW Il est curieux de constater que, parmi tous les modes de transmission
radioélectriques existant de nos jours, ce soit le plus ancien d’entre eux,
la radiotélégraphie, qui soit l’objet, dans le monde radioamateur, d’un débat
récurrent. Il est indéniable que sur les plans professionnels (militaire et
commercial) elle connaît une désaffection dont l’évolution en termes
d’abandon est quasiment terminée à l’heure actuelle, malgré quelques
tentatives de responsables militaires clairvoyants pour la réhabiliter
ponctuellement. La progression des technologies et les besoins en permanence accrus des
volumes d’échanges d’information ont amené les professionnels des télécommunications
à s’en passer complètement, motivés également par des considérations de
rentabilité économique. Les radioamateurs, et c’est tout à leur honneur, n’ont pas voulu être
en reste face à la recherche et l’expérimentation, ayant même certaines
fois précédé les professionnels. Il est inconcevable de nier les bienfaits apportés par l’informatique
à une multitude d’activités et qui pour certaines n’existeraient même pas
sans elle. D’année en année, elle accroît et accélère ses facultés
d’adaptation et les récents événements liés au terrorisme ont permis de
constater la sauvegarde et le redémarrage à distance de millions de fichiers
au bout de quelques heures. Le revers de la médaille est le besoin en
infrastructures lourdes, complexes et onéreuses en dépit des critères de
rentabilité. Par contre, nous les radioamateurs, avons cette chance inouïe que
n’ont pas les professionnels. Nous ne sommes soumis à aucun
impératif de rentabilité économique puisque par définition même,
notre activité n’a aucun but lucratif. En conséquence, rien ne s’oppose à
ce que la CW perdure parmi nous au plus haut niveau. La formation et l’entraînement
de ceux qui veulent la pratiquer peuvent être assurés ipso facto sans les
inconvénients budgétaires qu’ils entraîneraient envers les professionnels.
Ce haut niveau de pratique, outre le plaisir qu’il apporte, cadre parfaitement
dans un service d’utilité publique qui est un des fondements de notre violon
d’Ingres. Nous pouvons pallier ainsi les éventuelles carences ou déficiences
des moyens de télécommunications officiels par notre savoir-faire gardé
intact par une pratique continue impliquant des moyens limités certes quant au
débit requis, mais efficaces quant à leur simplicité et leur rapidité de
mise en œuvre. Hélas, force est de constater que ce savoir-faire qui est un « trésor
artisanal » au même titre que ce que font les tailleurs de pierre ou les
souffleurs de verre par exemple, est fortement menacé par les plus hautes
instances du monde radioamateur par de récentes dispositions réglementaires
prises ou qui seront probablement prises dans un avenir proche. Ne nous leurrons pas. Si les épreuves de CW sont supprimées des examens
radioamateurs, la transmission de ce savoir-faire s’arrêtera tôt ou tard ou
au mieux subsistera comme les langues mortes que sont le grec ancien ou le
latin. L’apprentissage de cette discipline n’est pourtant pas plus rébarbatif
que celui de l’électronique ou de l’informatique. C’est même le seul qui
soit à la portée de tous ; il suffit de savoir lire et écrire... C’est
également le seul mode (avec la phonie, c’est vrai) qui n e nécessite pas
l’usage d’un ordinateur et qui ne devient pas obsolète au bout de quatre ou
cinq ans. Un TRX de vingt ans d’âge
ou plus est encore dans le coup pour des QSO en CW ou en phonie
Un ordinateur de cinq ans d’âge est déjà un vieux « tromblon »
pour les gigabits et autres mégaoctets de plus en plus gourmands en débit et
en spectre.
Encore
une fois, ne voyez pas dans mes propos une quelconque animosité contre la téléinformatique
en général ou Internet en particulier. Les prouesses d’Internet sont
remarquables, mais il n’est pas de notre ressort, à mes yeux, de vouloir
rivaliser avec cet outil. Nous
n’en aurons jamais les moyens financiers. Notre vocation est ailleurs. La CW peut être un bon exemple de cet esprit d’autosuffisance
technique et d’altérité optionnelle, éloigné le plus possible de la
mentalité de consommation. Malgré ses limites, ses avantages techniques ne
sont plus à rappeler dans des conditions extrêmes et les responsables des
organisations humanitaires ou de Sécurité civile, par exemple, seraient bien
inspirés de s’en souvenir. Enfin, ce « trésor artisanal » a aussi un lien évident avec
l’art. Pourquoi négligerions-nous son aspect esthétique ?. Les artisans
ne sont-ils pas également des artistes, des individualités ? Faisons une
comparaison en apparence incongrue, en apparence seulement. Considérons
quelques trompettistes de jazz ayant marqué notoirement l’histoire de cette
musique : Louis Armstrong, Harry James, Roy Eldridge, Dizzy Gillespie,
Miles Davis ou Chet Baker. Tous jouaient exactement du même instrument.
Pourtant, n’importe quelle oreille exercée les distinguera et les identifiera
facilement, car chacun d’entre eux avait son propre style. En CW c’est la même
chose. Tout opérateur télégraphiste fait du morse, mais tout habitué d’un
réseau reconnaîtra aisément Pierre, Paul, Jacques ou Gaston à sa
manipulation. C’est un enrichissement personnel et esthétique des personnalités. A l’heure ou des unités navales comme des porte-avions ou des
sous-marins se déplacent grâce à l’énergie nucléaire, il y a encore et de
plus en plus de navigateurs amateurs ou « professionnels » qui
utilisent la voile. Dans la même optique, l’usage utile de la CW à des fins
non lucratives, tout en sachant les services qu’elle peut encore rendre à la
communauté internationale est tout à fait concevable ; il doit être même
fortement encouragé au lieu d’être sabordé par des responsables qui se
croient dans le vent de l’Histoire. De toute façon, quelle que soit la priorité qu’on lui accorde dans
les examens, il faut des formateurs. Tout opérateur confirmé en est un
potentiellement, pouvant prendre sous sa coupe deux ou trois candidats maximum
pour des leçons quasi particulières, les logiciels d’apprentissage n’étant
à mon sens qu’un outil complémentaire et en tout cas insuffisant car ils
n’apporteront jamais l’émulation du contact humain nécessaire à cette
entreprise. Dans cette optique, plus que la participation à des contests ou autres
challenges limités dans leur contenu par la répétitivité des gestes et des
informations échangées, les associations de télégraphistes devront
encourager la création de réseaux dans lesquels les sujets qui nous intéressent
puissent être abordés exhaustivement. On peut envisager plusieurs réseaux à
des vitesses différentes pour une perfection progressive des opérateurs,
notamment les plus jeunes. Leurs animateurs pourraient planifier un ordre du
jour qui serait proposé par eux-mêmes ou par l’un des participants à la fin
d’un ou d’une série de QSO, une fois le thème du moment épuisé. C’est
probablement un des meilleurs moyens pour sortir du « bricolage »
affligeant qui prévaut actuellement dans de nombreux cas, pour niveler par le
haut et parfaire ses connaissances en permanence.
Tout cela demande de temps en temps un travail personnel préliminaire,
du temps, de la disponibilité, je dirais même de la générosité. C’est en tout cas le prix à payer pour faire mentir les messagers de
la chronique d’une mort annoncée et assurer la survie d’une belle aventure.
Tous les modes de transmission sont dignes d’intérêt ; la CW pas plus,
mais pas moins que les autres. Si vous l’aimez, mobilisez-vous par tous les
moyens que vous jugerez opportuns à tous les échelons. Assurons la relève
avant qu’il ne soit trop tard. |
Jean-Pierre AUXENTIDES
F5TFP