Eugène Pian, Chef de poste radiotélégraphiste
 disparu sur La Provence, le 26 février 1916

Sources : Frenchlines

 

Eugène Pian est né le 14 mars 1882 à Yvetot (Seine Maritime alors nommée Seine Inférieure). Ayant fait ses études au collège du Mans (Sarthe), il obtient, au mois de juillet 1898, son « Brevet de capacité pour l’enseignement primaire » pour être instituteur. Cependant c’est aux services vicinaux de Fresnay-sur-Sarthe (Sarthe) et de Pont L’Evêque (Calvados) qu’il travaille de août 1898 à février 1901, puis au service de Conservation des Hypothèques de Pont L’Evêque de mars 1901 à octobre 1903.

Lors de son service militaire, Eugène Pian est appelé au sein du Bataillon des Sapeurs Télégraphistes au Mont Valérien en 1903. Il y reste trois ans et obtient d’excellentes notes ainsi que le grade de sous-lieutenant de réserve. Par la suite, des documents attestent qu’il enseigne la Télégraphie à l’Armée quelques semaines par an.

D’après son contrat d’apprentissage, c’est le 1er octobre 1906, soit à l’âge de 26 ans qu’il commence à naviguer sur les navires de la Compagnie Générale Transatlantique bien qu’il soit alors Elève Opérateur de Télégraphie Sans Fil pour la Compagnie Française Maritime et Coloniale de Télégraphie Sans Fil.

C’est en effet la Compagnie Française Maritime de Télégraphie Sans Fil, dont la Compagnie Générale Transatlantique est actionnaire, qui emploie Eugène Pian pour le placer sur les navires de la Compagnie Générale Transatlantique.

Eugène Pian est définitivement engagé le 1er novembre 1906 et navigue de 1906 à 1909 sur La Touraine, La Lorraine, La Gascogne, La Savoie. Il devient chef de poste le 1er janvier 1910. Au cours de cette même année, il se renseigne pour être radiotélégraphiste dans les colonies françaises. Finalement, il reste l’employé de la Compagnie Française Maritime et Télégraphie Sans Fil et il poursuit sa carrière d’officier télégraphiste sur La Lorraine, le Pérou puis La Provence.

C’est à bord de La Provence que le début de la Seconde Guerre Mondiale le surprend. Eugène Pian reste à son bord, réquisitionné par l’Etat Français avec d’autres officiers et membres du personnel. Ce navire est en effet armé en croiseur auxiliaire et prend le nom de Provence II.

Le torpillage de La Provence lors de la Première Guerre Mondiale

En 1914, Eugène Pian est mobilisé sur La Provence et nommé chef de poste de Télégraphie Sans Fil. La Provence est envoyée à Cherbourg pour être transformée en croiseur auxiliaire sous le nom de Provence II. En effet, comme La Touraine, La Lorraine et La Savoie, les plans de construction de La Provence avaient été conçus pour permettre sa transformation en navire de guerre. Provence II n’entre pas dans la flotte de guerre, le navire est placé en réquisition sous le commandement d’officiers de marine pris dans les cadres de la Compagnie Générale Transatlantique. C’est le cas du Capitaine de Frégate Vesco qui commande Provence II.

Provence II est d’abord affectée au blocus de l’Allemagne. En 1915, un front est ouvert au Proche Orient, Provence II, avec Flandre et La Savoie, est associée à la Bataille des Dardanelles, qui visait à isoler la Turquie. Elle est patrouilleur et elle participe aux opérations de Koum-Caleh et de Seddul-Bahr sous les ordres de l’Amiral Guepatte. Mais l’expédition de la Grande-Bretagne et de la France échoue et les troupes sont alors évacuées vers Salonique fin 1915- début 1916. Provence II est affectée au ravitaillement et au transport de troupes vers Salonique.

Le 23 février 1916, Provence II quitte Toulon, son port d’attache pour les opérations dans la Méditerranée, avec à son bord un contingent de 2000 militaires dont un important détachement du IIIe Régiment d’Infanterie Coloniale destiné au renfort des troupes, 400 hommes d’équipage et environ 200 chevaux et mulets de l’armée. Le 26 février 1916, au large du Cap de Matapan (Grèce) (38°58 de latitude Nord et 18°59 de longitude), Provence II est touchée à tribord par une torpille du sous-marin allemand UC 38 à 15 heures. L’ordre d’évacuer est donné et le Capitaine de Frégate Vesco conserve son sang-froid pour organiser l’évacuation. Eugène Pian, qui pourtant n’est pas de garde à ce moment-là, rejoint le poste de Télégraphie Sans Fil où se trouve Joseph Huby, son adjoint, avec qui il envoie des SOS. 17 minutes après son torpillage, Provence II coule. Tout comme le Commandant Vesco et d’autres membres de l’Etat-major et de l’équipage, Eugène Pian reste à son poste jusqu’au bout et est englouti avec Provence II quand le navire sombre. Les rescapés sont recueillis par le navire hôpital français Canada, le torpilleur français Fantassin, l’aviso britannique Marguerite et le torpilleur français Cavalier. Seuls 870 hommes ont survécu à ce naufrage.

                                      

Installation de T.S.F. à bord du paquebot Paris  (1921)



Eugène Pian est décoré de la Croix de Guerre et il est cité à l’ordre de l’Armée le 28 juillet 1919 : « Le premier maître électricien Télégraphie Sans Fil PIAN (Eugène), chef de poste TSF, a tenu, bien que n’étant pas de service, à rester dans le poste pour surveiller jusqu’à la fin de l’exécution les signaux de détresse et a refusé de se rendre aux sollicitations des hommes qui, devant le danger pressant, l’engageaient à se sauver. Disparu avec son bâtiment la Provence II».

En 1968, la ville de Pont L’Evêque rend hommage à Eugène Pian. En effet, le 10 novembre 1968 Alice Frete participe avec le maire à l’inauguration de la rue Eugène Pian dans Pont L’Evêque qui existe toujours aujourd'hui

 

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