Copyright 05 mars 2002 Thomas CACCAVELLI . Les photographies d'époque sont la propriété de Thomas Caccavelli. Toute reproduction qu'elle soit complète ou partielle est strictement interdite. Tous droits réservés

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Récit extraordinaire de la vie de radio de Tomaso "TK5MP" 

 

Préambule par Phil  F6DDR

Notre ami "Tom"  TK5MP que tous les habitués des RZO 3537, 7012 et 10117 connaissent de par sa gentillesse, son sens de l'humour et  sa manipulation cadencée  hyper régulière au vibro , nous fait l'honneur de faire le récit de sa vie de Radio, cet épisode historique de sa vie ne peut laisser le lecteur indifférent, il marque nos esprits et nous fait voyager dans le temps avec une pointe de nostalgie ou pour les plus jeunes le regret de n'avoir connu cette époque héroïque de la radiotélégraphie qui ne peut que forcer le Respect.  

Merci mon vieux TOM

 

UNE VIE DE RADIO.

          H A S A R D S . 

            Nous étions en 1937. Les transports aériens étaient alors, entre la Corse et le continent, assurés par des hydravions LATÉCOÈRE de la compagnie AIR France. Mon parrain occupant un  poste important à l’aéroport d’Ajaccio, j’avais toute liberté de me rendre à la base, ce que je faisais tous les jeudis. Certes les hydravions m’attiraient beaucoup et leur belle robe orange et argentée exerçait avec leur ligne fine et élancée un réel charme sur moi. Cependant j’étais fasciné par un homme qui, dans un petit bâtiment de trois mètres sur trois, assis devant une table sur laquelle se trouvait un poste de téléphone, des cahiers, des crayons et surtout une boîte en bois sur laquelle était une sorte de toile d’araignée en fil électrique, faisait souvent pivoter à l’aide de sa main gauche cette intrigante toile alors que de sa main droite il manoeuvrait un appareil en cuivre en forme de Z. Je remarquais les tapotements des doigts de l’homme sur un bouton en bakélite noire et ressemblant à un champignon fermé. Ce bouton était situé à l’extrémité du Z qui dépassait la table. Je constatai que ces tapotements correspondaient à une sorte de musique qui s’échappait de la boîte en bois. C’était sublime et sans cesse cette musique résonnait en moi... Je sus plus tard que la boîte était un récepteur radio (peut-être un DUCRETET ou un PONSOT), la toile une antenne cadre, le Z une pioche et l’homme un opérateur radio.

 

Hydravion LATÉCOÈRE   "631" 

           

 En 1938 je fis la connaissance d’un inspecteur des PTT qui adorait la pêche en mer, mais il n’avait pas beaucoup de pratique. Je sus lui apprendre le montage des lignes convenant chacune à une sorte de poisson. En outre, je lui fis connaître les différents appâts. Un jour, nous entamâmes une conversation sur ce que j’avais vu et entendu à l’escale hydravions. L’inspecteur m’expliqua tout et me parla du morse. Il me prêta un livre traitant du naufrage du TITANIC et me donna l’idée d’apprendre l’alphabet morse à l’aide d’un vieux dictionnaire. Quand je l’eus bien en tête, j’en fis part  à l’inspecteur qui, ravi, m’invita à visiter le service télégraphe à la poste d’Ajaccio. Je fus ébahi par les Hugues, Baudot et surtout le télégraphe où les manipulateurs étaient muets et desquels on n’entendait que des claquements.

            Lors d’un rendez-vous de pêche, l’inspecteur sortit de sa musette une planchette sur laquelle était fixé un manipulateur morse constitué d’une tige en laiton percée par deux vis, l’une pour le réglage de l’écartement des vis de contact en argent et l’autre commandant un ressort réglant la rigidité ou la souplesse de ce manipulateur auquel était branché une bobine de sonnerie de téléphone, le tout constituant un buzzer.

           Nous étions en 1939. Le courant électrique était distribué en 110 volts, mais n’ayant pas de pile, je branchais sans pitié le buzzer sur ce courant alors qu’il aurait dû fonctionner sur un courant continu de quelques volts. Rien ne se produisait sauf un fort échauffement de la bobine au bout d’une demi-heure. Je réussis à trouver une deuxième bobine. En alternant les deux, je pouvais effectuer un long « trafic ». Tous les soirs, je ‘’pompais’’ des messages de navires, parfois des appels de détresse. J’imaginais que j’étais un radio de bord et mon ‘’émetteur’’ dont la note ressemblait à celle d’un poste à éclateurs mettait mes parents au désespoir car ils craignaient une forte consommation au compteur. Mais l’ ‘’émetteur’’ faisait parler de lui car les malheureux habitants de l’immeuble qui avaient pourtant le privilège de posséder un poste de TSF (ils n’étaient pas nombreux dans ce cas) générèrent une rumeur allant croissant, puis un érudit décréta que ça ne pouvait être qu’un espion de la Cinquième Colonne... La guerre vint, puis l’occupation. Mon père, agent des PTT, confisqua mon ‘’émetteur’’ et le mit au dépôt des PTT où il n’était plus illégal... Ayant appris par une copine que son père était radio à la navigation aérienne, je la priais avec ‘’fierté’’ de lui faire savoir que je connaissais le morse. Ce brave homme eut l’idée de m’inviter à la station FNJ de la navigation aérienne.

          Cette fois, c’était du sérieux. Dans la salle sur une grande table, je ne voyais que trois choses : un récepteur SADIR, un SFR ondes courtes et un ondes moyennes. Ce premier contact avec le morse et du vrai matériel m’assomma, surtout que la quatrième chose que je voyais sur la table était un manipulateur en Z avec un petit trou où de temps à autre on mettait du pétrole pour éviter les étincelles aux contacts. Je n’étais plus sur terre. C’était certainement le début d’un rêve.

            Je connus au fil des jours les six radios de la station qui tous étaient décidés à faire de moi un radio. Le chef de centre me procura un vieux récepteur DUCRETET avec lequel je pus m’exercer à la lecture au son sous la surveillance du radio de service entre un QSO et l’autre avec Marseille ou Nice. Il y avait beaucoup de presses et de météos.

            A l’époque, au bout d’un mois, mes progrès furent tels que certains radios me mirent en double au récepteur. On me fit passer à la manipulation qui s’avéra excellente car j’avais suivi les conseils de l’inspecteur des PTT : « Au manip, beaucoup de ressort, le minimum d’écartement et faire travailler le poignet et non le bras ». Je trouvais tout mon bonheur quand je fis mon premier et vrai appel sur 6475 kcs : FNM DE FNJ QTC J (FNM était Marseille). Mon message était transmis (il annonçait un départ d’hydravion). FNM me donna le QSL. J’étais heureux.

            L’occupant contrôlait la station (1941). Mon rêve était interrompu. Mais de fines oreilles avaient su que je savais faire de la CW et en fin 1942 je me retrouvais chez les FTP avec les fameuses valises MK MARCONI de la Résistance. Quelques QSO avec Londres, du maquis, puis étant donné mon jeune âge on me dégagea de ces responsabilités car les radios risquaient gros alors. Je ne ferai pas de commentaires sur la guerre, ça ne mettrait personne à l’aise. Tous ces événements radio provoquèrent le tournant de ma carrière...

 

    A P P E L  D U  D E S T I N.

             La guerre à peine terminée, je m’engageais dans la Royale pour cinq années et fus sélectionné pour faire un cours de six mois ,à l’École des radiotélégraphistes de Porquerolles, une île merveilleuse où abondaient arbouses et champignons. Il y avait plusieurs groupes d’élèves et plusieurs salles d’écoute. En plus de la procédure, notre pain quotidien était le son à raison de quatre heures et une heure de manipulation. Inutile de dire que les leçons de lecture étaient pour moi des heures d’ennui vu mon ‘’passé’’...

            Le système de manipulation était un véritable réseau. Nous étions deux par table, soit pour vingt élèves vingt manips et chacun d’entre nous avait un indicatif et pouvait interrompre le chef de réseau, un instructeur qui, comme un maître d’école, était juché sur une estrade. Il avait un manip JUNKER alors que ceux des élèves étaient des Sif. Ma manipulation ayant été remarquée, au bout de deux mois on m’attribua la charge d’instructeur dans cette discipline.. Le JUNKER était un bijou.

            Durant le stage, on avait des séances d’émission avec un poste à éclateurs ou étincelles. On nous mettait à l’écoute des stations maritimes ou côtières sur des récepteurs SFRO.C 32 ou O.C 34. C’était de grosses boîtes en métal de couleur grise. Elles étaient très lourdes. Tous les boutons étaient métalliques. Les ressorts étaient très forts, en particulier celui du changement de gamme. Ce changement se faisait par une sorte de volant du style d’une manette de vanne d’eau ou de chaudière. Il fallait s’y prendre à deux mains pour la manoeuvrer.

                Vers le cinquième mois de stage, on effectuait des QSO réels avec Toulon - La Crau (FUO). On utilisait pour cela un émetteur d’un kilowatt, le fameux B.41.K (bien connu des 2ème classe PTT qui passaient l’examen technique avec lui). Au début du sixième et dernier mois de stage, c’était le voyage en mer. Je le fis sur le destroyer d’escorte l’ALGÉRIEN (FAGP) équipé de matériels US, récepteurs RAO, RAL, RCA et émetteurs TDE, TDF, TCI et TCS. Les manips étaient des J.38 et autres. Nous passâmes à bord l’examen de radiogoniométrie. Alors qu’aux Salins d’Hyères sévissait une violente tempête de mistral, avec ses deux diesels et ses deux hélices, l’ALGÉRIEN pouvait filer à dix-huit noeuds avec ses six mille chevaux.

            Fin de stage janvier 1947. Remise des brevets de radiotélégraphiste. Cette fois, j’étais radio officiel et je sentais que je devais vivre une belle et longue aventure...

            Je fus affecté à la station émettrice de Cherbourg - Rouges Terres sur les hauteurs de Cherbourg. Mon boulot était de régler sur demande de la Préfecture les fréquences choisies et l’entretien des émetteurs. Il y avait trois LORENZ d’un kilowatt pour le trafic inter-bases, un LORENZ et un SIPEL, un D.100 (français) d’un kilowatt, un PHILIPS d’un kilowatt et un LORENZ de huit cents watts pour le 500 kcs. Il y avait également le balisage des pylônes et pour cela il ne fallait pas avoir le vertige car je peux vous assurer que sur la plate-forme du pylône de soixante-quinze mètres, ça bougeait un peu. Après deux mois de familiarisation avec l’émission, je me retrouvai à la station de trafic de la Préfecture. Là commença mon bonheur. Une grande salle rectangulaire. Il y avait quatre veilles à assurer donc quatre tables d’écoute réunies en un seul meuble.

            Tous les débutants devaient passer par l’OLN (onde littorale nord), c’est à dire pour les bâtiments en Manche ou en Mer du Nord. La bande était de 2 MHZ. Je fis cette veille durant quinze jours puis je passais sur la deuxième table où sur 6 MHZ le trafic se faisait entre Cherbourg (FUC), Boulogne (FUD), Rochefort (FUT), Lorient (FUN) et Laplice (FUR). Un récepteur RAO et un émetteur TDF de cent cinquante watts. Quinze jours après, je passai sur OC METRO. Là, on avait atteint le haut niveau de la hiérarchie car sur l’onde de jour de 10492 kcs et celle de nuit de 6417 kcs se trouvaient tous les champions de la Royale.

Dirigés par Paris (FUB), on y trouvait FUC (Cherbourg), FUE (Brest), FUG (Alger), FUK (Oran), FUO (Toulon), FUX (Bizerte) et FUZ (Saîgon). Sur cette veille les lenteurs n’étaient pas autorisées et il n’était pas question de QSD. Le récepteur était un AMC.5G peint en noir avec un œil cathodique vert, le cadran avait une aiguille rouge et les fréquences marquées à la plume en peinture noire sur fond blanc. Ces récepteurs étaient excellents et auraient encore leur place de nos jours. Les émetteurs étaient le jour un SIPEL de 1,5 KW et la nuit un LORENZ de 1 KW. Cette veille était prenante et chaque opérateur voulait se faire une réputation.

            Un soir, il m’arriva une belle aventure. Il était 18 heures. J’étais encore en veille sur 10492 kcs. Le silence complet. Puis soudain j’entendis : FUZ DE FAWN QTC O. C’était le CHARENTE, un transport, qui appelait Saîgon pour un message « extrême urgent ». Saîgon n’entendait rien. Chaque radio savait que la baie d’Halong, parsemée de rochers calcaires à l’aspect féerique, constitue à certaines heures un vrai barrage aux ondes, les ‘’zones de silence’’. Mon plaisir du QSO, ma curiosité aidant, j’appelai Saîgon : FUZ DE FUC QRK ? QSA ? La réponse fut immédiate : FUC DE FUZ QRK 4 QSA 4 QRU ? Je répondis : FUZ DE FUC QRK 5 QSA 5 QRZ FAWN QTC O K. Saîgon appela le CHARENTE sans succès. J’appelais alors le CHARENTE qui me recevait très bien aussi. Alors d’un seul élan, j’offris mon manip et fis le QSP du CHARENTE à Saîgon. Le lendemain, par un télégramme de Paris, on sut que ce QSP fit gagner vingt-quatre heures d’opérations et le message accordait à l’opérateur qui en avait pris l’initiative soixante douze heures de permission.

            Après quelques mois sur la veille OC METRO, les meilleurs opérateurs passaient sur 500 kcs, la fréquence de sécurité et d’appel des navires de commerce. Un navire qui avait un QTC appelait sur 500 kcs : FUC DE FNSM (l’ILE DE France) MSG PSE UP 418/458 K ; 418 étant la fréquence de dégagement de l’ILE DE France et 458 celle de Cherbourg. Les messages étaient pour des particuliers ou pour les compagnies (commandes de vivres, carburant ou tout autre besoin du bord). En outre, toutes les trois heures à compter de 00 heure, les navires envoyaient à Cherbourg des OBS (observations météorologiques). Souvent, en particulier à 06 heures le QRY était de vingt ou trente stations. Il fallait avoir crayon et manip. En plus, il y avait les TR, c’est à dire la route des navires qui passaient la Manche : FUC DE FNSM FM NEW YORK BND LE HAVRE. Il y en avait en permanence, mais tous ces QSO permettaient de connaître ces navires, leur compagnie et même leur QRC, c’est à dire savoir par quelle administration ou par quel service privé étaient liquidés les comptes de leur station, ce qui permettait d’établir le prix du QTC en appliquant la QSJLL (taxe terrestre de 0,60 franc or) et la QSJCC (taxe côtière à 0,40 franc or). Il fallait faire vite car ça se bousculait dans la Manche.

            FUC avait aussi pour charge la transmission des météos sur 500 kcs/458 kcs, les AVURNAV. TTT DE FUC AVURNAV CHERBOURG N° X (qui signalait un coup de vent, le mauvais fonctionnement d’un feu ou son extinction. Egalement la transmission des XXX (signalant soit une épave en dérive, une mine flottante ou même un homme à la mer). Les TTT et XXX étaient transmis à + 15 et + 45 pendant les trois minutes de silence obligatoire pour tout autre télégramme. Ce trafic était très agréable et se faisait à la pioche et si les autres veilles avaient des manips LORENZ, la veille 500 kcs était équipée d’un JUNKER. Les gros clients de marque étaient des paquebots faisant la ligne d’Amérique du Nord tels le QUEEN MARY (GBTT), le QUEEN ELIZABETH (GBSS), le MAURETANIA (GTTM) et l’ILE DE France (FNSM) (prédécesseur du France et successeur du NORMANDIE). Chaque port français de la côte avait sa station et il en était de même pour les Anglais ; les GKG, GUC, GUD, GNI (île de Wight), les Belges OST, OSN, les Allemands DAN (Hambourg), le Suédois SAG (Goteborg), le Danois OXZ (Lyngby), le Norvégien  LGB (Bergen), sans oublier le grand PCH (Scheveningen, station balnéaire possédant un casino). Parmi toutes ces belles voix mon D.1000 d’un kilowatt devait par mon JUNKER faire entendre la sienne avec puissance et grâce et il  le fit fort bien.

             D E T R E S S E  D U  Q U E E N  M A R Y.

 

1er janvier 1949  appel de détresse  Q U E E N  M A R Y.  

 

             Un duel sans merci allait se dérouler au dessus de la Manche. De ce duel très   particulier, la CW devait en sortir glorieuse dans toute sa splendeur et sa majesté.

Cherbourg baignait dans l’opacité. Un vent violent battait une pluie abondante et les coups de tonnerre emplissaient la nuit de leur chant lugubre. Par moment, des éclairs perçant les ténèbres venaient éclairer la rue où se trouvait la Préfecture Maritime. Nous étions le 1er janvier 1949. Le pays, non encore remis de la guerre, se relevait lentement. Cherbourg Rouges Terres (RADIO FUC) assurait le trafic 500 kcs pour le compte des PTT. Je venais de passer mes vingt ans et était matelot-radio de 1ère classe. Ce 1er janvier, j’étais de veille de 19h00 TU au lendemain à 08h00 TU. La relève faite, je réglais la tonalité de mon récepteur SFR.RU 93. Je fignolais le réglage de ma pioche JUNKER afin qu’elle ne chante pas faux. L’émetteur D.1000 sortait bien. Sa note était musicale. A 19h20 TU, je lançais : CQ DE FUC WX PSE UP 458 KCS. Après avoir balancé le bulletin à la vitesse de 1200 mots à l’heure, considérant que d’éventuels jeunes prenaient la météo, ceci fait, je revins sur 500 kcs. Je fis QSO avec un américain, le EDWARD JANEWAY (WPPO) et un italien, le MONTE STELLE (IBTT). Tous les deux me passèrent leur TR (route), puis QRU.

 

Tomaso TK5MP à l'écoute sur le SFR.RU 93.

 

            Le QUEEN MARY (GBTT) qui faisait l’Amérique du Nord ainsi que le QUEEN ELIZABETH (GBSS) et le MAURETANIA (GTTM), sans oublier notre cher ILE DE France (FNSM), avaient vers 18h30 indiqué leur passage et le QUEEN MARY signalait son QTH : ‘’Paquebot QUEEN MARY entre passe ouest’’. Du point de vue trafic, la nuit s’annonçait calme. Cependant, j’avais un pressentiment dont cette espèce n’est ressentie que par les radios. Je savais que quelque chose allait arriver.

            A 21h55 TU, tel un clairon, que dis-je ?, tel une sirène mon haut-parleur vibrant me dit : DE DE DE SOS SOS SOS DE GBTT REQUIRE ASSISTANCE. Abasourdi, n’en croyant pas mes oreilles, je demandai (et j’en eu honte) la répétition... Oui, c’était bien le titan des mers qui par le manip d’un de ses 1ère classe PTT appelait à l’aide, inondant de ses deux kilowatts la Manche.. Poursuivant le message, il disait : ‘’Sommes en très mauvaise position . Demandons secours immédiats. Envoyez tous les remorqueurs’’.

            Aussitôt, j’informai les autorités. J’appelai les remorqueurs. Très rapidement, le CHERBOURGEOIS 4, l’ABEILLE 4 du Havre, le MUSCLE, le ROULE et le MAMMOUTH, lui de la Maine Nationale, mirent leurs panaches noirs au service de la Couronne de sa Blanche Majesté. J’avais demandé à mon collègue de l’émission de régler le LORENZ huit cents watts sur 499 kcs et le D.100 d’un kilowatt sur 501 kcs, les deux émetteurs en simultané et en onde modulée, ce qui rendait la bande plus large ; les longues antennes prises entre des pylônes de soixante-quinze mètres de haut ne pouvaient me donner que plus de voix et par un énergique DE DE DE SOS SOS SOS GBTT, je pris la direction du trafic de détresse. Je crois que c’était QUJ.

           Pendant ce temps, la tempête faisait son œuvre. Le QUEEN MARY qui quittait Cherbourg pour New York, la perle de la Cunard with Star dans la tourmente grandissant, se trouvait en difficulté sur l’infâme obstacle, un banc de sable, terrassé par un vent de plus de cent kilomètres à l’heure, malgré ses tentatives d’éviter en marche arrière, était drossé dans la baie de Sainte Anne à quatre cents ou cinq cents mètres du rivage. Le géant était à genou, suppliant, mais Eole et Poséîdon le harcelaient impitoyablement, le ballottant comme un fétu de paille. Ses huit cent cinquante mille tonnes et ses trois cent mille chevaux réduits à l’impuissance.

            Ma pioche, elle, du fait du duel approchant avait compris qu’il fallait se conduire en conquérant, le but étant de conserver la maîtrise du 500 kcs, donc de la mer, car les rapaces étaient déjà sur la riche future épave...

            Une pluie de kilowatts s’abattait alors sur la Manche. Les Belges OST (Ostende) et OSN (Anvers) avec leurs RCA, les Hollandais (PCH) avec leur PHILIPS, les Anglais (GNI)  (Wight/Niton) avec leur MARCONI et même les Allemands (DAN) avec leur TELEFUNKEN essayaient de s’approprier la fréquence, espérant que leurs remorqueurs puissent mettre le grappin sur la Lloyds, sûrement alléchés par la matière dorée. Une meute de remorqueurs anglais avaient quitte Porthsmouth, pompant sans arrêt, mais leurs efforts furent vains et se brisèrent sur les QRT DISTRESS de FUC, aidé par les quatre cents watts du SADIR du remorqueur MAMMOUTH et des puissantes stations FFB (Boulogne), FFI (Dieppe), FFO (Saint Nazaire), FFW (Le Conquet) et FFY (Le Havre). Ainsi le silence radio revint. Les remorqueurs français eurent le gâteau. Je prononçais le fameux DE DE DE DE FUC QUM + (fin du trafic de détresse). Chaque participant de cette bataille et surtout le GBTT, se souvient sans doute du prestige de la CW. Quant à ma pioche, elle a atteint la postérité...

        

   L ‘ A V I S O  G A R D E - P E C H E  « A I L E T T E ».

 

          Basé à Cherbourg, destiné à protéger et aider les pêcheurs français soit par l’intervention du médecin de bord, soit pour les dépannages radio (en particulier pour le changement des lampes à ailettes des postes émetteurs), ou encore pour le remplacement des pièces mécaniques, l’AILETTE était toujours disponible.

            Parmi le ‘’pacha’’ et les officiers habituels du bord se trouvait un ingénieur hydrographe à cinq galons qui testait un des premiers sondeurs, un LORAN.

            Le champ d’opération de l’AILETTE était assez étendu. Partant de Cherbourg, une escale était due à tous les ports de pêche normands, bretons, dieppois, puis de Belgique, de Hollande, de Grande Bretagne, des deux Irlande ainsi que de Scandinavie.

            Cet aviso avait, pour l’époque, un important matériel radio.

            En émission :

un quatre cents watts ondes courtes LORENZ à démarrage à rhéostat à plots et au vernier en loupe.

un ensemble de trois armoires dont la centrale était l’alimentation commune pour, à sa droite un émetteur quatre cents watts TELEFUNKEN utilisé pour la veille 500 kcs et à sa gauche, un quatre cents watts TELEFUNKEN utilisé pour la phonie de 1 à 3 MHZ. Cet ensemble était monté sur des soufflets en cuir pour éviter des dégâts par forte tempête. Un émetteur de cent watts MARCONI (à réaction) servait de secours.

En réception :

- un récepteur LORENZ ondes courtes.

- un récepteur toutes gammes TELEFUNKEN en forme de demi-cylindre, couché en long.

- un récepteur gonio ondes moyennes et ondes longues LORENZ.

L’opérateur radio ne chômait pas avec les transmissions à la mer qui informaient les navires de toute activité de la vie maritime, le trafic sur 500 kcs avec GNI, GUC, LGB, OSN, OST, SAG et naturellement FUC, la veille permanente ondes courtes avec FUB et FUC (Paris et Cherbourg) et la veille onde littorale nord avec FUD (Boulogne) et Cherbourg. Mais tout cela n’était que routine. Le plus difficile était le repérage d’un chalutier ayant demandé le docteur ou toute autre aide car, s’il se trouvait seul sur un  banc de pêche intéressant, il ne tenait pas à être démasqué et dépouillé de sa trouvaille par les autres. Il fallait donc ruser et tenter de le faire émettre, même très brièvement, afin de le situer.

 

Tomaso TK5MP à 20 ans sur l' AVISO « A I L E T T E ».

 

          Il y avait à bord un lieutenant officier de pêche dont le rôle était de prendre contact avec les chalutiers et de connaître leurs besoins qu’il communiquait aux autorités maritimes. Je revois encore ce grand lieutenant obligé de se courber pour entrer au poste radio, la pipe à la bouche, et quand j’avais réussi à faire passer quelques chalutiers de CW en phonie, il arborait un large sourire qui ne finissait plus et me tapait sur l’épaule... Il trouvait ainsi son bonheur.

            La plupart des radios des chalutiers travaillaient avec des manipulateurs à double contact (lame de scie) dont la poignée était très grande car le radio, la veille sur le haut-parleur et aidant à trier le poisson, ne pouvait pas se payer le luxe d’enlever ses gants pour répondre aux éventuels appels.

            Il va de soi qu’un bâtiment tel que l’AILETTE se trouvait souvent pris dans de violentes tempêtes en Mer du Nord, en Manche, en Mer d’Irlande ou en Atlantique, avec parfois dix mètres de creux et trente cinq degrés de gîte. Malgré cela, la CW, en note musicale, sortait du TELEFUNKEN.

  

L'Aviso par grosse mer

Tomaso TK5MP dans le mât de l'Aviso Ailette pour réparer les antennes après une violent tempête

 

 

          La CW est pour celui qui la pratique une force interne et je voudrais pour terminer ce récit en l’illustrant par un exemple.

            Par une nuit sans lune et sans étoiles, dans une Mer du Nord déchaînée, l’AILETTE crachait feu et flammes, se traînant dans les éléments rebelles. Soudain, les coups de sirène réglementaires indiquant ‘’Nous ne sommes pas maîtres de notre manoeuvre’’ percèrent les ténèbres. Aux gémissements de la coque, aux hurlements du vent et à la rage de la mer se joint un fracas au sein duquel émergeaient des voix humaines. Mettant la tête à un des hublots du PC radio, j’entendis dans un cri quelqu’un qui disait : ‘’Il va nous couper en deux’’ et, se mouvant dans un bruit d’autre monde, j’aperçus une masse monstrueuse qui filait sa route, semblant nous ignorer... Alors la CW était là. Elle me commanda. J’eus une seule pensée : mettre en route l’émetteur du 500 kcs et, la main sur le manipulateur, j’attendais le choc, prêt à envoyer le SOS. Je sus par la suite que le monstre était un gros pétrolier suédois... Oui, mais en cas de drame la CW était là.

Je n’avais pas vingt ans...

            L E S  Z O N E S  D E  S I L E N C E.

             Par une belle matinée du printemps 1949, l’aviso garde-pêche l’AILETTE glissait dans un fjord de Norvège. Son étrave striait une onde calme et pure pendant que les hélices laissaient sur leur passage deux rubans torsadés, laissant au soleil d’éclairer leur écume argentée. C’était presque un miracle. Tout était radieux. Le site était agréable à contempler sans relâchement, même à travers un hublot de la veille radio.

            J’étais très jeune ; l’AILETTE était mon premier embarquement. J’avais donc tout à apprendre en radio et navigation pratiques. En cours de matinée, je constatais un affaiblissement de la réception puis, subitement, le récepteur LORENZ dont je me servais, devint totalement silencieux. Je changeai d’écouteur, rien de nouveau ne se passait. Je m’installai au TELEFUNKEN; toujours rien. Bref, après avoir essayé les cinq récepteurs du bord et vérifié les fusibles, espérant une petite panne d’un circuit, inexpérimenté, je ne sus plus où donner de la tête. Les antennes étaient toutes en place, les tensions des récepteurs correctes. Alors ?

            Vint l’heure de transmission du message de QTH, espérant que l’émetteur débloquerait quelque chose, qui sait ? Je réglai le quatre cents watts LORENZ sur 6417 kcs. Il sortait à la perfection, son ampoule néon étant rouge pastèque, même sans toucher la descente d’antenne et en avant : FUB FUC FUE DE FATD QRK ? QSA ? QTC QRV ? K. Je répète cet appel à plusieurs reprises mais personne ne semble m’entendre. Je suis vraiment inquiet. Et puis, d’un seul coup, quelle émotion ! FATD DE FUO (Toulon) QRK5 QSP FUB QRV K. Au même instant FUG (Alger) me fait la même proposition. Les deux stations sortent comme en stéréo avec, en fond de décor, le silence total sur la gamme. Je me souviens alors de la théorie et je comprends bien enfin ce que sont ces silences.

            Dans une autre zone, sur une autre fréquence, à une distance et un horaire différents, j’ai pu constater me même phénomène.

            Toujours en 1949, j’étais de quart à la Préfecture Maritime de Cherbourg. Il était environ 20h00 GMT. Depuis un bon moment j’entendais le transport militaire la CHARENTE (FAWN) qui appelait à tue-tête Saîgon (FUZ) sans succès : FUZ DE FAWN QTC O QRK ? QSA ? QRV ?. Intrigué j’appelai : FAWN DE FUC QRK 3 QSA 3 QRK ?. J’eus aussitôt la réponse : FUC DE FAWN QRK 3 QSA 3. Je fis la même chose avec FUZ, faisant confiance à mon émetteur de 1,5 KW. J’établis le QSP. La CHARENTE avait deux messages extrême-urgent, était en opération et se trouvait alors en Baie d’Halong. Le trafic fut assuré. Voilà, c’est tout.

        L ‘ A F R I Q U E.

             Après les tempêtes de la Mer du Nord, de la Manche et de la Mer d’Irlande’, puis les glaces de Scandinavie, on m’expédia affronter les chaleurs africaines et la tranquillité terrestre. Au milieu de l’année 1949, je fus affecté à la station émettrice de Dakar-Hann (FUW). La station était vaste et moderne. Elle était bien équipée. Dans une petite salle, il y avait quatre émetteurs de six cents watts (des T 11-90) dont les lampes de puissance (au nombre de deux) étaient rondes et à vapeur de mercure, ce qui avait pour effet d’inonder ce local de reflets bleus. Ces émetteurs, à la note grasse et quelquefois ‘’piaulée’’ étaient utilisés pour le trafic des ‘’zones’’ (fréquence des bâtiments se trouvant sur la côte africaine). Il y avait quatre LORENZ d’un kilowatt qui servaient aux liaisons inter-bases aéro,  un AS.59 (dit ASP) aux liaisons avec les avions et uniquement utilisé pour l’aéro,  un sept kilowatts MARCONI. Pour les territoires d’outre-mer, quatre émetteurs SFR de dix kilowatts dont la soufflerie d’aération faisait autant de bruit qu’un camion et, pour terminer,  deux RCA de trois kilowatts pour le 500 kcs. Tout ce matériel-ci était dans une grande salle et, en son milieu, la table en fer à cheval de l’opérateur qui, à la demande du centre d’exploitation, réglait les émetteurs, changeait les quartz à l’occasion et mettait enfin ces émetteurs en ligne.

            Leur entretien était régulier et leur dépannage intéressant. Quant aux antennes, il y en avait de toutes sortes, notamment des pylônes ‘’rayonnants’’ et des losanges pour toutes les directions. Ces antennes en losange subissaient tous les lundis un épreuve d’isolement à la magnéto. Les antennes ondes moyennes étaient soutenues par des pylônes de quarante-cinq mètres de haut. Il est incroyable d’imaginer la force qu’il faut exercer pour tendre à cette hauteur un fil de quelques millimètres d’épaisseur, même avec un treuil et les acrobaties qu’il faut faire pour l’amarrage. Faut pas avoir le tournis !

            Puis je passai à la station de trafic de FUW qui était située à l’état-major de la Marine, rue des Essarts. Une grande salle, six tables. Tous les manips étaient des pioches DYNA, sauf le mien, un SIF. Une table pour le trafic des zones (côte africaine) où patrouillait souvent le BEAUTEMPS-BAUPRE (FAXL) ou le COMMANDANT DELAGE (FAL 9), un aviso. Sur 8 MHZ, le récepteur AME 7.G, l’émetteur T.11.90 de six cents watts. Deuxième table de veille part vacations diurnes avec Casablanca (CNM) avec un récepteur AME 5.G et une émetteur LORENZ d’un kilowatt. Troisième table : veille par vacations le jour avec FUB (Paris) sur 13 MHZ avec un récepteur AME 7.G et un émetteur sept kilowatts MARCONI.

 Pylone de 45 m DAKAR FUW

 

           Toutes les informations maritimes, mutations ou avancement passaient par là, en clair ou en chiffré. La nuit de 00h00 TU à 04h00 TU, sur 11.111 kcs, le trafic de FUB (Paris) avec l’Océan Pacifique FUJ (Nouméa), FUM (Papeete), l’Océan Indie FUV (Djibouti) et les Antilles FUF (Fort de France), était important. Pour ce trafic, un récepteur AME 7.G et un émetteur LORENZ d’un kilowatt.

            Quatrième veille avec Port-Etienne (FWZ), trois vacations par jour et une le soir sur 4 MHZ..

            Le vendredi matin, une vacation avec ZSI (Capetown) qui travaillait déjà au VIBROPLEX, alors que j’avais le SIF qui est encore actuellement sur ma table de trafic.

            Un jour, je me débridai et m’employai à fond en atteignant la vitesse, extraordinaire pour l’engin, de deux mille mots à l’heure environ 33 WPM). Ce n’est pas un galéjade.. Le SIF était devenu célèbre. Ce trafic se faisait avec un récepteur AME 5.G et un émetteur AS.59 de quatre cents watts.

            Cinquième table : veille typiquement aéro avec FYLC (Casablanca) et FYLE (Saint-Mandrier) où était passé les WNG (départs prévus d’avions) et DEL (annulations de vols), ceci avec un récepteur RU.95 (SFR) et un émetteur LORENZ d’un lilowatt.

         Enfin la sixième et dernière table où se faisait tout le trafic avec les aéronefs, les hydravions SUNDERLAND ou les avions JU.52 ou WILLINGTON venant de Dakar ou alors le BLOCH QUI PARTAIT DES Mureaux le matin pour arriver à Port-Etienne en fin d’après-midi.

            Voilà, telle était la station de Dakar FUW/FYLF.

    

Emetteur station FUW DAKAR,  SFR de 10 kilowatts 

 

Tomaso TK5MP au trafic depuis Dakar FUW sur PARIS avec le SFR 10kw

 

Pylone de Dakar Pylone Marine à Dakar 

 

            Une nuit, sur 11111 kcs, il m’arriva une très belle aventure CW. J’étais sur la veille Paris et stations d’outre-mer. Je m’ennuyais à attendre un éventuel trafic pour moi et cette nuit là, comme cela se produisait souvent, Paris n’arrivait pas à écouler son trafic sur Nouméa et Papeete, ni à prendre le leur. Comme le manip me ‘’démangeait’’, je me suis mis au milieu avec mon LORENZ et pus établir avec les trois stations un QSO dans de très bonnes conditions. Je proposai mes services pour le QSP. La réponse ne se fit pas attendre. J’eus des tremblements de joie et m’assurai trois heures de manipulation rapide. Ce fait se reproduisant à plusieurs reprises, il fut remarqué que Dakar, par sa position ‘’radioélectrique’’, s’avérait être un relais idéal. Quelque temps après, tout ce trafic passait officiellement par FUW. On me promit de bonnes notes et ma promotion dans le grade de second maître fut avancée. Mais la CW, elle, atteignait un grade encore plus grand...

            P O R T - E T I E N N E  -  L A  V E I L L E  A V I O N S.

 

Tomaso TK5MP au Trafic à port Etienne

Tom avec le RX B 28 RCA

 

            Quels délicieux souvenirs que cette veille avions... 1949, Port-Etienne, escale hydravions où pesait encore l’ombre des as de la ligne de l’Aéropostale.

            Pas un arbre, pas un brin d’herbe sous un ciel très pur et chaud, bordé d’une mer turquoise, mais en plein sable. Telle est cette escale. Un groupement de six baraques constituées par des demi-cylindres couchés en long et en tôle ondulée. Parmi ces six habitations, il en est une qui tient lieu de station radio.

            Elle abrite l’équipement suivant :

- deux émetteurs MARCONI T.11-90 de quatre cents watts (à tubes à mercure).

- un émetteur MARCONI T.11 -96 (aux boutons en couleur et aux fréquences préréglées.

- un émetteur SFR AS.59/ASP de quatre cents watts.

- un émetteur MARCONI T.11 - 90 de huit cents watts.

- un émetteur SARAM de trois cents watts pour la phonie (pas de micro, mais un laryngophone).

            Les émetteurs T.11 - 90 étaient longs à régler par leurs réglages pointilleux, leur nombre de verniers et l’infinité de minimums à réaliser. Mais je m’en sortais.

            Pour ce qui concernant les récepteurs :

            - un SFR RU.93 (toutes gammes de 10 à 30 MHZ).

            - un B.28 peint en bleu, une boîte carrée anglaise (une vraie ‘’casserole’’).

                - deux petits SARAM-BRONZAVIA, boîtier et boutons étaient en aluminium.

            - un AME 5.G.

            - un ancestral PONSOT au boîtier en bois et comportant deux seuls boutons, un pour le VC et l’autre pour la réaction. Ce récepteur, par sa sélectivité et son manque de QRM était nettement préféré au B.28.

            Il y avait quatre manips : un SIF (le mien), deux SARAM à boîtier et un double contact de ma fabrication. Voilà pour l’équipement radio. Nous avions un petit groupe JAPY pour faire fonctionner, en cas de panne du gros diesel GMC, le SARAM et le T 11 - 96.

            Port-Etienne (FWZ) assurait chaque jour deux vacations à 10h00 et 17h00 sur 8820 kcs avec Saint louis du Sénégal (XVA) et Atar (XVA 2) du trafic civil et militaire en clair et en chiffré. Le trafic était important. XVA 2 DE FWZ QTC 20 QRV ? K. Et dans l’autre sens c’était pareil. XVA et XVA 2 travaillaient au double contact, engin interdit dans la Marine, sauf pour la veille aéro où les officiers des transmissions étaient plus souples. La vacation de 10h00 se faisait avec le T 11 - 96 MARCONI de soixante quinze watts. Sur batterie, une commutatrice lui donnait du trente-six volts. Le récepteur était le vieux PONSOT à réaction. La vacation de 17h00 se faisait avec le quatre cents watts AS.59/ASP, alimenté par le gros diesel qui fournissait le courant pour la radio et pour l’éclairage de la base. Le récepteur utilisé était alors l’AME - 5G. L’AS 59/ASP avait deux prises manip, une normale et l’autre ‘’automatique’’ avec laquelle mon SIF pouvait se distinguer. Quatre vacations étaient assurées avec l’état-major aéro de Dakar, deux le matin à 08h00 sur 14 MHZ et 11h00 sur 6 MHZ avec émetteur T 11 - 96 et récepteur SARAM, deux le soir, une à 14h00 sur 6 MHZ (T 11 - 96 et récepteur SARAM), le soir à 20h00, trafic aéro et Marine avec récepteur AME 5.G et toujours le T 11 - 96, qui, quand les batteries étaient bien chargées, avait une note très ‘’ronflante’’. Ces batteries en tampon étaient en charge tous les soirs de 20h00 à 00h00 et leurs niveaux étaient vérifiés tous les lundis. Tous les réglages de sortie d’antenne des émetteurs se fignolaient à la lampe néon . On essayait de la faire rougir au maximum.

            Ce qui ne déplaisait pas à FWZ, c’est quand Dakar aéro (FYLF) lui envoyait un lot de QTC : FWZ DE FYLF 7 F SUNDERLANDS FXCGE, FXCGS etc... WNG DEP 12040500Z... (ce qui voulait dire que le 12 avril à 05h00 un groupe d’hydravions de la 7ème flottille quitterait la base de Dakar Bel Air vers Port Etienne).

            Avant 05h00 les deux T 11 - 96 étaient sous tension ainsi que l’AS 59, bien réglés sur 6490 kcs (veille avions). J’étais aux aguets. J’attendais comme un chat le fait pour une souris... Voilà, ça y est ! Faisant entendre leur note légèrement piaulée de leur T 11 - 96 MARCONI et appelant l’un après l’autre : FWZ DE FXCGI BJR VX QTN BEL AIR QAB FWZ QRX... Six, parfois sept SUNDERLANDS prenaient leur QRY et le T 11 - 90 de Port Etienne, avec sa note rauque rappelant les crapauds-bufles, répondait sans cesse, éclairant la pièce où il était reflets bleus, ses lampes au mercure aidant, alors que la lampe au néon, branchée sur la sortie d’antenne, contrastait avec ses éclats cyclamen.

            Chaque SUNDERLAND avait un équipage d’une quinzaine d’hommes dont trois radios. Ces quadrimoteurs étaient équipés de radars et de radiogoniométrie et du pilote automatique. Chaque appareil transmettait son QTH tous les quarts d’heure, ce qui assurait un trafic permanent : QTH....LONG....LAT...., ALT.... QTK 350 KM/H. Quelquefois, le cercle s’agrandissait quand, parti de Ouakam (près de Dakar), un JU 52, trimoteur en tôle ondulée, venait se signaler par la note puissante et musicale de son quatre cents watts LORENZ. Cet émetteur était décomposé en quatre carrés pour gagner de la place. Cet avion  avait pour indicatif FYEBA, mais pour pimenter un peu la chose, il n’était pas rare qu’un avion BLOCH, très rapide  à l’époque, vienne se rendre à la fête pour parfaire mon bonheur. La plupart du temps, c’était le FYEBO décollant des Mureaux via Casablanca et Port Etienne vers Dakar.

            Entre deux QSO, je m’occupais de la carte murale où de nombreux fils aux différentes couleurs se croisaient pour indiquer le QTH de chaque appareil, pendant que le deuxième opérateur de Port Etienne s’occupait des vacations normales.

            Le moment de l’arrivée approchait. L’un après l’autre, striant de leur coque argentée le bleu du plan d’eau, les gros oiseaux à bout de course émettaient leur QTP, continuant le P d’un trait de manip qui ne cessait que quand la glissade sur l’élément liquide se terminait. Ainsi le QTP était bien confirmé.

           Deux jours après, même pratique pour le retour sur Dakar -  Bel Air. Ah, qu’elle était prenante et absorbante cette veille avions. Il fallait sans cesse garder la main gauche sur le bouton d’accord d’antenne, situé en haut et à gauche du RU 93 SFR. Cette veille avions avait forgé des radios de première qualité dont le niveau CW frisait la perfection. Certains se payaient le luxe de copier deux QTH à la fois. Je voudrais faire un aveu...Hé bien, en 2002, j’en rêve encore de cette veille sur 6490 kcs. 

 
Marconi d'une puissance de 7 Kw

 

             L E  M A R Q U I S. 

            En 1939, un jeune s’engage dans la Royale. Il demande la spécialité de pilote de la Flotte, c’est à dire étudier l’hydrographie, la connaissance des ports, leur situation, leur profondeur, etc. Mais comme en 1939, la pagaille avait déjà fait perdre la guerre, on lui dit : ‘’Vous serez pilote d’avion ou on vous fout en taule’’. Le gars se résigne.

            La guerre éclate. Il fit son premier vol sur un MORANE de reconnaissance. Il est abattu, mais tant bien que mal, il réussit à poser son zinc dans la cour d’un château. Depuis, dans la Marine, on le surnomma de ‘’marquis’’. Il s’avéra bon pilote et je le connus lors de quelques vols que je fis sur son JUNKER 52 (FYEBA) qu’il conduisait avec aisance comme une voiture. Par contre il refusait de décoller par vent de sable. Son plaisir était d’atterrir moteur coupé, en planeur. En survolant la Mauritanie, quand Dakar me demandait le QTH, il me demandait : ‘’Que vois-tu en bas petit ?’’ Je répondais : ‘’Des palmiers, des chameaux’’. ‘’Alors passe Nouakchot’’. Si je voyais un fleuve, il disait : ‘’Saint Louis du Sénégal’’ ; et si je ne voyais que du sable : ‘’Vent de sable’’.

            Mais quel régal avec ce quatre cents watts LORENZ. Equipage du JU 52 : un pilote, un mécano, un radio.

           T O U R N A N T  D E  C A R R I E R E.

             En mai 1952, je quittai la Royale et entrai aux PTT de Dakar. J’avais cru commettre une erreur, car en guise de trafic, j’étais au BCTR (Bureau Central des Transmissions Radiotélégraphiques). Je vérifiais si les liaisons entre Dakar et le reste de l’AOF se faisaient bien, mais la plupart du temps, je contrôlais le nombre de mots des télégrammes, surtout des mandats télégraphiques qui arrivaient par centaines. J’étais au bord du désespoir quand un matin, le chef de centre me dit : ‘’Maintenant que vous connaissez le travail de guichet, vous pourrez, dans la semaine passer au ‘’côtier’’ (station côtière)’’.

       L A  S T A T I O N  C O T I E R E  D A K A R  R A D I O  (F G A). 

            Voici que les portes du paradis me sont ouvertes. Il suffit d’y réussir son entrée.

            1952, donc, au cinquième et dernier étage de la Poste de Dakar se trouve FGA. Une salle sans luxe dans laquelle un récepteur SFR RU 93 2182 kcs (pas encore de BLU), un récepteur ondes moyennes RAL (USA) pour la veille 500 kcs, un récepteur ondes courtes HAMMARLUND SP 400 avec band spread, un gros manip pioche de la série des J, mon SIF et mon VIBROMORS, étaient sur la table ainsi que la petite boîte de commande à distance pour l’émetteur THOMSON de trois kilowatts sur 500 kcs et 418 kcs en fréquence de dégagement et trois émetteurs ondes courtes d’un kilowatt LMT (le matériel télégraphique), respectivement pour les 8, 12 et 16 MHZ. Ces émetteurs se trouvaient face à la mer au Cap Manuel. Ainsi était étoffé Dakar Radio (FGA)

  

Une partie des manipulateurs de l'époque  appartenant à TOM TK5MP

 

           Les opérateurs, cinq africains et moi, devions faire face à un imporant trafic qui ne cessait de croître chaque jour et les clients étaient de marque car il ne s’agissait pas moins que du PROVENCE (FNUE) et du BRETAGNE (FOAH) pour la France, de l’AUGUSTUS (ICBB), le GIULIO CESARE (ICAC) et le conte grande (IBDI) pour l’Italie. Tous ces géants assuraient la ligne d’Amérique du Sud. Les français avaient la coque peinte en bleu marine et les italiens en blanc, tissant une toile de kilowatts sur l’océan.

            La côte africaine était desservie par le GENERAL LECLERC (FNYC), le FOCH (FNTN) et le MANGIN (FNYX). Ces navires étaient rapides et très confortables.

            Il y avait les bananiers KATIOLA (FOMX), KOBA (FNVY), KIFFA (FNVZ) et CAP DES PALMES qui faisaient sans cesse la route Marseille, côte africaine et retour, alors que le DJENNE (FNHX), le KOUTOUBIA (FNHZ) et le LYAUTEY (FOAG) assuraient au passage les voyages Marseille Dakar et inverses. Toutefois, le BRAZZA (FPVC) et le FOUCAULD (FPVD) sillonnaient les eaux entre Bordeaux et Dakar et retour. Tous ces navires français étaient équipés en matériel d’émission de LAGIER de huit cents watts (fabriqués  à Marseille) ou en CRM (Compagnie Radio Maritime). Les cargos, et en particulier le vieux HOGGAR (FOOG) (qui utilisait un poste à éclateurs qui me fait encore vibrer les oreilles), étaient nombreux. Tous ces mobiles avaient de quoi se faire entendre et il va de soi que tous ces manips qui faisaient passer des chants harmonieux et déchiraient continuellement le 500 kcs, constituaient un immense orchestre aux voix très variées, car, à l’époque, chaque émetteur avait son propre son. On pouvait changer la tonalité comme on le voulait, du grave à l’aigu, de l’entretenu pur jusqu’au modulé en passant par l’entretenu modulé.

            En tout cas, je peux affirmer que l’opérateur que j’étais n’eut jamais à subir de saturation. L’envoûtement du morse, les pluies de télégrammes agissaient sur moi comme une rosée du printemps sur un rosier. Je vivais dans un magnifique jardin de la CW, j’allais dire d’Eve.

            Ces averses de charme m’appelaient à procéder par QRY, c’est à dire que je liquidais mon trafic ,en faisant un QRY tous les dix navires : CD DE FGA POUR QRY K. Il arrivait souvent qu’un de ces ‘’bureaux de poste navigants’’ passe : FGA DE X... QTC 20 K, ou alors QTC SSS (SSS voulant dire nombreux). Il falllait alors pratiquer le QSG 5 ou 10, autrement dit accuser réception tous les cinq ou dix messages.

           En ce temps là, l’ordinateur n’était même pas un rêve. Tout le trafic était copié à la main et cependant, il ne fallait pas lésiner car toute perte de temps aurait pu profiter à la meute des loups des ondes (aux abois) qu’étaient Takoradi (VPG), Tenerife (EAT), Lisbonne (CUL), Bathurst (VSH), etc. Pour éviter ça, l’opérateur était contraint, aussitôt le QSL donné, d’avoir le ou les messages inscrits sur le cahier de trafic (le préambule), sur le carnet des messages le texte en double exemplaire, l’original allant au destinataire sur un PV de comptabilité et enfin sur le cahier du planton.

En outre, il y avait les messages météo OBS, envoyés par les navires toutes les trois heures à partir de 00h00. Ces OBS servaient à la constitution des cartes météo. Les opérateurs envoyant les OBS percevaient une prime par message, à raison de huit par jour. La prime était intéressante et, aux heures des OBS, autour de FGA, il y avait foule comme au métro de 18h00 et sans portillon, ça va de soir. Les opérateurs de FGA, pour la réputation et la rentabilité de leur station, s’ingéniaient en prendre en charge les navires (QTO) de Marseille (FFM), Naples (ICC) ou Gênes (ICB) jusqu'à leur arrivée (QTP) en Amérique du Sud et retour.

J’ai pu me rendre compte de la puissance d’asservissement que la CW exerçait sur moi durant cette époque. Elle m’envoûte depuis l’âge de quinze ans. Je suis âgé de soixante-quinze ans et le charme continue. Je serais heureux de savoir que beaucoup d’Oms tombent sous ce sortilège.

L E  B A T H Y S C A P H E. 

J’ai eu l’honneur d’écouter ce robot d’Auguste PICCARD lors de sa plongée à quatre mille mètres de profondeur au large de Dakar. Il émettait par un disque l’indicatif FNRS 5 très lentement. Au moment de sa plongée, il émettait un trait et quand le trait était terminé, le robot était parti pour la mesure de paramètres bathymétriques.

 L E  R E D O N  (F P Y G).

 Le REDON était un cargo qui n’avait qu’un opérateur radio et la veille radio effectuée sur ce navire était dite ‘’veille à un opérateur’’. L’homme venait à sa station toutes les quatre heures. Il transmettait ses OBS, mais en dehors de ça et de deux messages par voyage de Marseille à Dakar entre sa compagnie et lui, il n’avait jamais de trafic et le malheureux, ‘’démuni’’ de cette matière, faisait la manche quand il était à sa station. Il n’arrêtait pas de passer : DE FYPG QRZ ? PSE 500 KCS KKK. A force d’entendre souffrir ce brave homme de sevrage du droit le plus absolu que peut revendiquer un radio, je plongeai dans la compréhension et la générosité. De temps en temps, je feignais de mal entendre un client et demandais à FPYG de bien vouloir faire le QSP. Vous devinez la réponse. Il s’assurait de l’acheminement du message en le retransmettant deux fois. En outre, il demandant à ce client, quitte à faire du quart en rabiot : QRU ? POUR FGA K. A son manip, je sentais qu’il était heureux. C’est si facile de faire du bien.

 L E  G E N E R A L  L E C L E R C  (FNYC). 

FNYC était un bon client en messages privés. Il avait trois radios à bord. Deux étaient très sympathiques, mais le troisième, le chef je crois, peut-être un 1ère classe PTT, était connu pour sa mauvaise foi et les vacheries qu’il faisait à certaines stations. Une fois, lors d’un message de commande de fuel, il avait passé un zéro en plus ou en moins (je ne me souviens plus exactement). En tout cas, cela avait fait un scandale et il avait rejeté la faute sur l’opérateur de FGA. Ce monsieur ne considérait jamais le QRY. Un soir, vers 21h00, il voulait absolument passer avant les autres. JE LE REMIS EN PLACE. Mais le bougre, véxé, se mit peu de temps après à m’appeler sans arrêt. Je répondais à chaque fois mais lui, faisait semblant de ne pas m’entendre. Sachant qui j’avais au bout , et flairant un piège,  je me choisis trois témoins de taille et je fis un triangle sur 500 kcs. Je pus contacter Lisbonne (CUL), Klaipedia (UNM 2) et New York (WSL), puis je continuai mon trafic.

Vers 22h40, le chef de centre qui habitait à l’étage au dessous, arriva avec un papier à la main. Il me le tendis en me disant : ‘’C’est arrivé par la liaison intérieure d’Abidjan (FGS)’’. Le papier disait tout simplement : ‘’Allez réveiller votre opérateur de FGA’’. Le chef de centre, me souhaitant un bon trafic me dit : ‘’Je sais ce que je vais faire’’. Je sus par la suite que la compagnie du GENERAL LECLERC avait débarqué ce triste sire de FNYC.

 L E S  E C O U T E S  S P E C I A L E S.

 Je ne pourrai, pour cause de droit de réserve bien sûr, donner des détails. Mais ce que je peux dire c’est que, moins une demi-heure pour manger, durant douze heures, on en prenait plein les oreilles du morse en toutes langues, grandes vitesses, trafics marines civiles et militaires. Idem pour les aviations. Toutes sortes de manips. Certaines marines de grands pays utilisaient leur vibro en vrai QRQ. Certains radioamateurs se souviennent sans doute aussi de leur ancien job !

 L A  R A D I O G O N I O M E T R I E.

Antennes de la station Radiogoniométrie

 

J’ai fini ma carrière dans la radiogoniométrie. C’était une branche intéressante de la CW. Même si j’étais réduit à ne faire que de l’écoute, comme dans tous les pays, nous nous tenions au courant de certains mouvements des marines, aviations et armées de terre.

Nous avions les moyens d’éplucher et de reconstituer des réseaux qui changeaient d’indicatif tous les jours. C’est dommage que le secret me rende muet car il y aurait beaucoup de choses à écrire. Je vais cependant citer un fait qui n’a rien de commun avec le SECRET DEFENSE.

Dans les années 60 ou 70, au cours d’une course de voiliers, FFL perçut un signal de détresse émanant d’un voilier piloté par une femme qui parlait français. Elle était, je crois, sur 4 MHZ et son émission faiblissait. Je fis demander à FFL de lui proposer le 8 MHZ. Je pus copier que le voilier se trouvait au large des Baléares, mais l’émission était faible et très peu de gonios la percevaient et pas question de faire un relèvement. Saint-Lys eut l’idée de demander à cette dame si elle marchait sur batterie : ‘’Oui, dit-elle faiblement, j’ai aussi un moteur’’. Elle passa sur moteur ; l’émission s’amplifia. A partir de ce moment, en moins de vingt minutes, un relèvement précis fut fait. La dame ayant repris courage et voix, demanda en ironisant au bâtiment de la Royale venu à son secours, si au port où elle devait être remorquée existait u  bon coiffeur. Quelques temps après, dans un article de presse, elle disait : ‘’C’est un scandale, ils (le service gonio) ont mis trois quarts d’heure pour me relever’’. J’ai cru savoir que l’administration lui fit un procès et le gagna.

L A  S T A T I O N  C O T I E R E  D E  B O N I F A C I O (F F C).

 Je ne pouvais conclure sans parler du domaine des falaises

Avant la guerre, dans les années 30, la station PTT de Bonifacio fonctionnait ainsi.

Pour le trafic 500 kcs, elle était dotée  d’un poste à éclateurs d’une puissance d’un kilowatt à note aigüe. Dans la même  salle un cinq cents watts à ondes entretenues pures pour le trafic avec la station côtière d’Ajaccio (FFJ). Dans une autre salle très grande se trouvait un cinq kilowatts à alternateur. Dans cette salle, c’était ‘’son et lumière’’ ou ‘’foudre et tonnerre’’ ; ça crachait de partout. Les pylônes de cinquante mètres de haut, plus le site élevé sur lequel se trouvait la station, assuraient à BONIFACIO-RADIO (FFC) une certaine maîtrise et en faisaient une des meilleures sinon, la première station de Méditerranée, en puissance et en efficacité.

A Bonifacio, le 110 volts n’existait pas encore et encore moins le 220 volts.. Ainsi, un bac de verre de quatre-vingt centimètres de carré à la base et quatre-vingt centimètres de haut contenait du H2 SO4 (acide sulfurique). Dans ce liquide trempaient deux grandes plaques de plomb. L’ensemble permettait de réaliser du 2 volts continu et, en installant cinquante-cinq bacs, on obtenait le 110 volts continu.

Pour la charge de ces énormes batteries, il y avait un groupe électrogène qui fournissait du 110 volts continu ou, si un autre groupe ne pouvait fournir que du courant alternatif, on branchait alors un redresseur. La charge étant lente, elle se faisait durant le service radio qui était permanent. Cette station fonctionnait très bien et était même citée en référence sans l’instruction SF des PTT.

Les alternateurs de la stations produisaient des ondes entretenues. Les alternateurs mono polaires avaient deux induits au stator et une bobine d’excitation centrale. Cet engin avait un régulateur de vitesse 

 

     Bonifacio le 5 mars 2002

      Thomas CACCAVELLI /TK5MP

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